Où en sommes-nous dans la crise ?
tentative de synthèse
Au-delà des aspects brouillons qui fourmillent, ce texte présente un problème central : il n’est jamais question de la contradiction entre femmes et hommes. Il est de ce point de vue là totalement à recomposer (je ne dis pas à réécrire). Nous ne sommes même pas dans le cas d’une des premières versions de Tel quel, dans la mesure où dans Tel Quel la charpente théorique du texte était bâtie sur les deux contradictions. Les questions de l’interclassisme, des luttes spécifiquement ouvrières, du rapport de l’Etat à sa société, de la crise du rapport salarial et de son devenir en crise de la « société salariale » et finalement en crise de la valeur ne peuvent être conçues en dehors des deux contradictions et pourtant je le fais. Il y a un problème … ou alors c’est mon problème.
1) Type de crise
Cette crise comme identité entre suraccumulation et sous-consommation.
La phase antérieure : diminution continue de la part des salaires, la compression des salaires déjà structurellement incluse dans la phase du MPC qui entre en crise.
Diminution et compression organisées et réalisées comme double déconnexion : valorisation du capital et reproduction force de travail ; entre consommation et salaire comme revenu (crédit).
La première déconnexion est un zonage.
Le zonage est une détermination fonctionnelle du capital : maintenir malgré la rupture entre les deux des marchés mondiaux en expansion et une extension planétaire de la main-d’œuvre disponible, cela en dehors de toute relation nécessaire sur une même aire de reproduction déterminée (Le Moment actuel, Sic, p. 103).
La compression des salaires est fonctionnelle comme non propagation des tensions inflationnistes dans un système qui nécessite une alimentation constante en liquidités. (Sic, p. 109). Nous avons là une des liaisons pour le passage de la crise du rapport salarial en crise de la valeur (voir plus loin).
Donc, au départ, le rapport salarial au cœur de la crise actuelle (Revendiquer pour le salaire, connexion explosive entre asystémie de la revendication et crise du rapport salarial, cf. Le moment actuel).
Dans la crise actuelle, vue sa définition centrale, la déconnexion est devenue un problème : devenue contre-productive.
« L’identité, dans la crise actuelle, entre crise de suraccumulation et de sous-consommation signifie que la déconnexion entre valorisation du capital et reproduction de la force de travail est devenue un problème. Dans cette identité de la crise, la déconnexion qui était fonctionnelle à une phase du mode de production devient contradictoire à sa propre poursuite. Cela tant au niveau de l’architecture mondiale de la réalisation faisant des Etats-Unis le consommateur en dernier ressort, qu’au niveau, tout aussi important et peut-être plus pour la suite, du développement « national » des « capitalismes émergents ». On ne reviendra pas en arrière, mais la mondialisation peut prendre un autre tour indéfinissable actuellement et qui ne pourrait être qu’une fonction de nouvelles modalités de la valorisation et du rapport d’exploitation.
Cette déconnexion était un système mondial. La Chine, l’Inde, le Brésil, etc. y avaient leur place à la fois comme puissances économiques autonomes montantes et pièces de cette structure mondiale. Que la Chine ou l’Inde parviennent à se constituer pour elles-mêmes en tant que marché intérieur dépend d’une révolution dans les campagnes (privatisation de la terre en Chine ; disparition de la petite propriété et des formes de métayages en Inde) mais aussi et surtout d’une reconfiguration du cycle mondial du capital supplantant la globalisation actuelle (une renationalisation des économies dépassant / conservant la globalisation, une définanciarisation du capital productif - ? -). C’est dire que cette hypothèse est hors de notre portée actuelle car hors de ce cycle de luttes, elle suppose la révolution telle que ce cycle la porte battue et, dans cette défaite, une restructuration du mode de production capitaliste. » (TC 24, p. 28).
Donc, en résumé : crise du rapport salarial. Au centre de la contradiction du rapport entre les classes qu’est cette crise, la revendication sur le salaire et son changement de signification : son asystémie et illégitimité (Sic, p. 106).
2) De la crise du rapport salarial à la crise de la société salariale.
La crise du rapport salarial s’est développée en crise de la société salariale (peut-on dire qu’elle est momentanément désamorcée en tant que crise du rapport salarial ?).
La subsomption réelle est la constitution du capital en société (Marx, Chapitre inédit, Ed. 10 / 18, p. 263 – 264 ; Fondements de la critique de l’économie politique, Ed Anthropos, t. 1, p. 226 ; ibid, t. 2 p. 230). Mais cette constitution en société c’est le mode de production capitaliste comme société salariale (Castells ; Aglietta). La société salariale c’est un continuum de positions et de compétences dans lequel les rapports de production capitalistes ne sont vécus que comme des rapports de distribution, l’exploitation comme un partage injuste des richesses, les classes sociales comme le rapport entre riches et pauvres. On est en pleine fantasmagorie. Mais fantasmagorie, on ne le redira jamais assez, dans laquelle nous évoluons quotidiennement. L’essentiel n’est pas dans l’aberration que représentent de telles considérations, mais dans le fait qu’elles sont les expressions idéologiques, qu’elles formalisent, des tendances et des pratiques réelles de la lutte de classe. Nous avons là la redistribution ou le partage des richesses ou même l’appropriation de la richesse sociale. Les formes de la distribution s’autonomisent comme objet de la lutte de classe, au point que la possibilité d’action sur elles apparaît comme totalement libre et que leur bouleversement entrainerait, de par la liberté de cette action même, celui des rapports de production. Un tel point de vue est naturel dans la société capitaliste et se trouve en outre conforté par les formes socialisées du salaire. « Aux yeux de l’individu, la distribution apparaît tout naturellement comme une loi sociale qui fixe sa position au sein de la production, c’est-à-dire le cadre dans lequel il produit : elle précède donc la production. L’individu n’a ni capital ni propriété foncière de par sa naissance : en venant au monde, il est voué au travail salarié par la division sociale. En réalité cela tient à ce que le capital et la rente foncière sont des facteurs indépendants au sein de la production. » (Marx, Fondements…, t. 1, pp. 24 – 25). Dans les formes socialisées du salariat c’est pour l’ensemble de la société qu’il apparaît que la distribution précède la production. « En fait, les rapports et modes de distribution sont tout bonnement l’envers des agents de la production : l’individu qui contribue à la production par son travail salarié participe sous le mode du salaire à la distribution des produits créés dans la production. La structure de la distribution est entièrement déterminée par celle de la production. » (ibid). En érigeant la distribution en pôle absolu de la société c’est-à-dire celui qui en détermine toutes les divisions et les luttes, on se condamne à en accepter toutes les lois, car on n’a pris que « l’envers de la production » pour l’ensemble des rapports sociaux capitalistes. La société salariale c’est l’existence de cet « envers » devenue « l’ensemble des rapports sociaux ».
Vue leur définition, dans le passage de la crise du rapport salarial en crise de la société salariale, la classe moyenne se trouve au centre du jeu, plus précisément elle n’est pas au cœur du problème (le rapport d’exploitation), mais de la pratique existante actuelle du problème.
Il faut considérer toute l’extension et le développement contenu dans le concept d’exploitation : le salariat comme rapport de production et rapport de distribution ; la distinction entre travail simple et travail complexe (constitutif de la valeur, temps de travail social moyen) – ces deux premiers points permettent d’introduire structurellement l’importance et la pertinence de la hiérarchie des revenu ; la dualité de la coopération (le travail salarié implique la concentration des moyens de production face à lui dans la production à grande échelle) ; le travailleur collectif ; la circulation de la valeur (A-A’) ; la distinction entre travail productif et improductif (qui ne doit pas être substantialisée sous la figure de personnes) ; la nécessaire reproduction du rapport avec toutes les instances et activités qui lui sont liées. Ce sont toutes ces déterminations intrinsèques au rapport entre prolétariat et capital qui non seulement segmentent le prolétariat mais encore se cristallisent dans la production de la classe moyenne et la définissent : ambivalence du salaire, coopération, reproduction, travail complexe (auxquelles on peut ajouter les inégaux niveaux de développement de l’accumulation capitaliste qui viennent surdéterminer tout cela). C’est la cristallisation sociale de ces déterminations, les ordonnant de façon particulière qui, à partir d’elles, donnent les classes moyennes.
La société salariale est le principe de cette cristallisation.
Il faut encore que ces éléments divers soient recomposés, qu’ils acquièrent entre eux un caractère commun, qu’ils soient unifiés pour définir une classe. Il faut qu’il y ait un principe de recomposition de ces éléments qui leur confère une caractéristique commune et les unifie. Ce principe on le trouve dans la caractéristique de la subsomption réelle d’être la constitution du capital en société. On a vu que cette constitution en société n’est pas le mode de production capitaliste, ni même la société capitaliste, sa forme d’apparition c’est la société salariale. Pour les classes moyennes, le principe d’unification est adéquat aux éléments qu’il unifie (rapport de distribution, travail complexe, coopération, instances de reproduction, etc.), il ne renferme aucune contradiction. C’est, pour ces classes, le rapport salarial tel qu’il n’y a pour la force de travail aucune « sortie » possible de son échange avec le capital car cet échange n’est plus contradiction pour lui-même (rapport entre surtravail et travail nécessaire). « Cette société, qui a pour origine et finalité la valorisation, devient idéologiquement pour les classes moyennes la fin propre du capital : le capital qu’elles reproduisent existerait finalement pour les reproduire, elles. » (texte de A.C sur les classes moyennes). Peu importe alors que la société salariale soit dans chaque aire régionale déjà acquise ou en constitution plus ou moins réalisable, les classes moyennes des pays émergents n’en sont alors que plus entreprenantes. En Egypte la société salariale bien enclenchée (emplois d’Etat, grandes entreprises nationales, embauche automatique des diplômés, encadrement syndical, même l’économie informelle était plus salarialisée qu’aujourd’hui) a été détruite.
La classe moyenne est un carrefour de la société salariale avec ses ascensions et ses dégradations et le constant et rude travail de positionnement et de hiérarchie qui est le sien. La classe moyenne milite pour la reproduction de la société salariale, elle en est l’âme, entérinant l’autoprésupposition du capital.
En partant du salaire comme rapport de production et rapport de distribution, on en arrive à l’interclassisme (sur tout cela cf. dans Tel Quel – TC 24 -, les pages sur les « Indignés »). Reconnaître l’interclassisme actuel des luttes (Brésil, Turquie, Egypte, Tunisie, Mexique…) ce n’est pas en conséquence les disqualifier, c’est tout d’abord les reconnaître telles qu’elles sont, d’une façon non normative. Il est inutile de dire : « le mouvement n’est pas suffisamment ceci ou cela » ou « trop ceci ou cela ».
S’il y a interclassisme cela signifie qu’il y a aussi des ouvriers, des chômeurs, des précaires, etc. L’interclassisme n’est pas pour les prolétaires un détournement mais le point où, dans certaines conditions, les amène leurs propres luttes. Il s’agit d’une des formes de la situation générale actuelle de la lutte de classe. Peut-on dire que c’est au travers des conflits internes d’une telle situation, conflits internes à ces mouvements, que cette situation générale peut devenir le fait de faire de l’appartenance de classe comme contrainte extérieure l’enjeu même de la lutte (voir le point 3) ?
La limite (ou simplement le contenu) essentielle qui pour l’instant structure ces mouvements est que le combat sur la reproduction générale de la force de travail occulte dans les rapports de distribution la détermination de ces derniers par les rapports de production. Parfois cette limite affleure comme contradiction interne au mouvement et dynamique de celui-ci. Des moments de rupture de l’interclassisme (Egypte, Tunisie, l’interclassisme n’est pas évident comme mouvement commun au Brésil et en Turquie).
En tant que crise du rapport salarial, la crise actuelle met en mouvement toutes les couches et classes de la société qui vivent du salaire. Le salaire c’est le prix du travail, forme fétiche nécessaire de la valeur de la force de travail quand, comme dans le mode de production capitaliste, on ne travaille pas deux fois (pour le travail nécessaire et pour le surtravail). Comme prix du travail, le salaire en appelle à l’injustice de la distribution, c’est normal[1]. La lutte sur la distribution, sur le salaire comme prix du travail est une forme instable. Dans leur généralité interclassiste, les mouvements actuels de par le monde, dans ce qu’ils peuvent avoir de commun, désignent simultanément le salaire comme prix du travail, forme de répartition, et, de par la même généralité, tous les revenus comme dépendants du travail, ceux de la rente, du profit, de l’intérêt. Le salaire comme prix du travail désigne alors ce qu’il cache : le salaire comme valeur de la force de travail, travail nécessaire, et tous les autres revenus comme formes transformées du surtravail. « Nous ne paierons pas votre crise ». Mais cette désignation est encore idéologique car ce qui lui permet d’effectuer cette désignation est en même temps le masque de la spécificité du travail productif (voir la suite dans le point 3).
Quand on parle de salaire la détermination à partir des rapports de production est insuffisante, il faut également le déterminer à partir des rapports de distribution dans la mesure où ils s’articulent sur les rapports de production. On ne peut produire le salaire en tant que forme de la distribution / consommation directement et uniquement à partir des rapports de production. Si le salaire comme catégorie de la production détermine le salaire comme catégorie de la distribution, les deux catégories ne se recouvrent pas. Il existe une différence entre la classe ouvrière telle qu’elle est définie par la participation au revenu social sous la catégorie du salaire, et qui, comme telle, englobe tous les travailleurs productifs et non productifs nécessaires au procès de travail et la classe ouvrière telle qu’elle est déterminée par le salaire comme catégorie de la production dans le rapport salaire / plus-value, et qui, comme telle, n’englobe que le travail productif. L’interclassisme est aussi un jeu de subdivision de la classe ouvrière dans l’ambigüité sociale, concrète, du salaire. Et ce jeu descend dans la rue, car les structures descendent dans la rue, à ce moment là, elles s’appellent des sujets.
L’injustice de la distribution a un responsable qui a « failli à sa mission » : l’Etat. Il s’agit de politique et de distribution.
Le moment actuel de la crise que l’on peut définir comme crise du rapport salarial devenue crise de la société salariale devient une délégitimation du politique : premièrement la crise du rapport salarial devenue crise de la société salariale est crise des formes de distribution et redistribution dénoncées au nom d’une vraie politique nationale, deuxièmement elle est une clôture de l’avenir perçue comme ascension sociale et troisièmement comme généralité de l’attaque sur tous les revenus salariaux.
La double déconnexion entre valorisation du capital et reproduction de la force de travail avec la forme spécifique donnée à la mondialisation a entraîné de façon diverse selon les degrés et types de développement capitaliste des transformations de l’Etat : ce qu’à la suite de Saskia Sassen on appellera une « dénationalisation de l’Etat » (voir compte rendu Sassen). Cet Etat en partie dénationalisé est entré en crise (caractère contre productif de la disjonction dans l’identité sous-consommation / suraccumulation de la crise – TC 24, p.28). Problème de la légitimité de l’Etat vis-à-vis de sa société comme société salariale que celle-ci soit acquise et en crise ou en constitution problématique (pays émergents). La question de la légitimité est posée pratiquement dans la rue par des sociétés écrasées dans l’ensemble de leurs mécanismes et institutions de reproduction, cet écrasement c’est la crise du rapport salarial devenue crise de la société salariale, c’est le marasme des luttes dans l’Union Européenne
La citoyenneté devient une forme idéologique dans laquelle est menée la lutte des classes. « La construction de l’appartenance politique en tant que catégorie nationale est aujourd’hui vécue surtout comme un legs du passé. Le degré de formalisation institutionnelle et de densité socio-culturelle rend difficile l’appréhension de l’historicité de cette construction. Elle est volontiers naturalisée (…) La nationalisation du territoire et de l’allégeance a donné lieu à une intégration du territoire géographique dans un système institutionnel complexe : le territoire est devenu territorialité de l’Etat, et l’identité, citoyenneté fondée sur la nation. » (Sassen, E117). Avec le capital, la nationalité est devenue l’élément constituant central de l’institution de la citoyenneté : l’identification des deux est historique (E229). Dans la « période fordiste », l’Etat était devenu en outre « la clé du bien-être », c’est cette citoyenneté qui fout le camp (plein emploi, famille nucléaire, hétérosexualité) – E229-233. C’est-à-dire tout un assemblage social, économique et idéologique comme formatage de la vie quotidienne. La relation des individus à leurs conditions réelles d’existence, c’est-à-dire aux rapports de production, n’est jamais une immédiateté dans la mesure où ces rapports sont exploitation et aliénation. La politique qui ne tient pas compte de cette non immédiateté échoue, c’est la différence entre le « Front de Gauche » et le « Front National » et l’avantage du second sur le premier. Si auparavant l’identité ouvrière pouvait servir de ciment et de synthèse entre les deux, entre les rapports de production et la non-immédiateté de leur vécu, c’est qu’elle-même était la construction d’une illusion idéologique jusqu’à faire croire à la superposition et l’identité immédiate entre ces rapports et leur vécu. Maintenant, c’est l’idéologie qui se cristallise dans la relation nation-citoyenneté-travail qui est en crise depuis la restructuration mais qui est aussi actuellement revivifiée, dans la crise actuelle, comme détermination cristallisante des luttes de classes autour de la question de l’Etat et élément possible d’une restructuration possible qui se fait toujours « au fil de l’eau », c’est-à-dire d’abord comme bricolage. S signale l’apparition d’une tension entre la citoyenneté comme statut juridique formel et la citoyenneté comme projet normatif, comme une aspiration : immigrés, droits des femmes, des travailleurs, des minorités nationales : des pratiques citoyennes qui vont au-delà de la nation. Les termes de la tension sont portés par des populations différentes désignées comme « peuple » et « élites » (E235-239).
Avec la dénationalisation on a quelque chose qui reste lié au national, tel qu’il s’est historiquement construit, qui est profondément imbriqué à lui, mais selon des conditions historiquement nouvelles : c’est socialement explosif si on le relie à la thèse de S sur les « deux classes globales » — très en haut et très en bas – avec une énorme masse centrale sur la touche (la lutte des classes c’est un drôle de merdier, il faut comparer la lutte des classes épurée et canonique dans Le Capital avec les textes historiques de Marx). C’est au sein du national que s’effectue une grande part du démontage de l’Etat-nation historiquement construit. Ce démontage est, pour une grande part, endogène au national et non la conséquence d’attaques externes. Finie l’évidence selon laquelle le peuple c’est l’Etat et l’Etat c’est le peuple (E362).
Il y a une étroite combinaison entre crise du rapport salarial, crise de la mondialisation, crise de la société salariale, crise de légitimité et de reconnaissance de l’Etat dénationalisé, interclassisme et politique. Cette combinaison, ce nœud, c’est le moment actuel de la crise comme lutte des classes.
Des émeutes d’un prolétariat précaire et / ou racialisé, jusqu’au retour idéal dans certaines luttes de l’identité et de l’unité ouvrière, en passant par les révoltes arabes, turques ou brésiliennes, sans oublier à l’intérieur de ces mouvements ou de façon autonome les luttes salariales, c’est la crise de la géographie mondiale de la globalisation (la tripartition et sa mise en abymes), c’est-à-dire une époque historique du rapport d’exploitation et de la lutte des classes, qui se joue partout momentanément ( ?), de la Chine au Brésil, comme crise du rapport de l’Etat à « sa société ». Si le problème actuel des luttes de classes de par le monde c’est l’Etat, il ne faut pas croire que cela a toujours été le cas : ce n’était pas le cas dans la période « 68 » par exemple (je pense qu’un retour sur cette période serait utile, non pour le plaisir de l’histoire et de l’encyclopédisme técéiste, mais comme contre-éclairage de la période actuelle).
La politique ou l’Etat pourraient être la focalisation conjoncturelle de toutes les contradictions entre les classes et de tous les niveaux de ces contradictions (c’est-à-dire non pas une crise dans l’autoprésupposition du capital, mais une crise de l’autoprésupposition), mais ce n’est pas présentement le cas. Ce qui actuellement unit les classes et les segments de classes dans leurs luttes, ne serait-ce que dans leur concomitance, c’est la redéfinition de l’Etat. Malgré, ou plutôt à travers leurs conflits, tout ce qui, dans la phase actuelle, en fait le problème le présente comme la solution. Tant que la crise se jouera à ce niveau, l’enjeu en dernière instance des luttes sera toujours la reconfiguration de la mondialisation et la recomposition de la classe dominante dans lesquelles le prolétariat est embarqué. Embarqué à tous les niveaux : au niveau du développement interclassiste interne de ses luttes ; mais aussi au niveau de l’extension et de la violence dans le monde des luttes purement et simplement revendicatives. La classe capitaliste va avoir au travers de ses propres antagonismes à « répondre » à cette situation. Aucune reconfiguration de la mondialisation, aucune recomposition des classes dominantes n’est acquise ; l’une et l’autre ne peuvent être que des formes développées d’une restructuration du rapport d’exploitation qui se joue toujours comme un bricolage historique. Il ne faut jamais oublier que la lutte de classe n’est pas une simple réponse à une situation existante donnée (objective), mais une transformation de cette situation (des « circonstances » aurait dit Marx contre Feuerbach) et indissolublement une autotransformation. Il ne s’agit pas de la fameuse dynamique des luttes en elles-mêmes, mais de la dynamique du rapport dans sa totalité. Au début de l’année 2013, en Egypte, les manifs et les actions visant les commissariats, les centres de la police définissent l’Etat et le rapport de classes comme rapport disciplinaire. Mais, en même temps que la lutte contre la répression signifie que l’Etat ce n’est pas ça (revendication d’ordre démocratique), elle le résume à sa fonction de répression (cf. texte sur la Grèce : « le moment coercition »). Le martyr dans son rôle idéologique pose l’Etat dans sa fonction centrale à laquelle il se résume en surplombant toutes les autres : l’Etat c’est le gourdin. On est là dans une situation propice à l’existence d’écarts à l’intérieur de la lutte en tant que classe. Le mouvement se crée ainsi sa propre base et sa propre dynamique : la lutte contre la répression et une définition de soi-même et de l’adversaire. A ce moment là où est la revendication qui est pourtant le fond social de tout le mouvement (écart). Vandaliser un commissariat ne revendique rien et met à nu la vacuité des sécessions civiles et des autogestions urbaines.
La « tension à l’unité » (AC) qui existe il est vrai dans les luttes interclassistes ne doit pas gommer les conflits dans lesquels elle-même existe ni laisser supposer que la résolution dans le prolétariat est forcément donnée, que la jonction de ces luttes est inscrite en elles, les conflits n’étant que des moments de ce processus de l’unité, de dissolution de la classe moyenne, de dépassement du stade des émeutes et du franchissement de ce plancher de verre que demeure vis-à-vis de la plupart des. Pourquoi la classe moyenne n’œuvrerait-elle pas plutôt à la victoire de la contre-révolution (le texte de Blaumachen – De la Suède à la Turquie…- envisage cette éventualité, même si tout le texte se situe dans une perspective téléologique de la « jonction » et néglige totalement la lutte des classes comme rapport) ? Pourquoi dans la segmentation de la classe ouvrière, surtout dans des aires de vaste économie informelle, la fraction plus ou moins stable de la classe ouvrière ne verrouillerait pas ses luttes et les résultats qu’elle en espère. Il faut voir précisément le rôle et les pratiques de la clase moyenne, mais aussi des ouvriers de la région de Gafsa, de l’UGTT, ou des centres textiles du Delta, lors de la montée des mouvements en Tunisie et en Egypte en 2011, puis les positions pratiques prises lors des moments de rupture de l’interclassisme début 2013 dans ces deux pays. La « dissolution » des segmentations, même si elle est appelée « conflits », n’est jamais présupposée dans une « tension à l’unité » dont le conflit ne serait que le mode de réalisation. Dans les luttes, nous avons ou pas cette « tension à l’unité » qui n’est pas un donné de toute lutte, par définition. En outre, cette tension à l’unité ne se dirige pas forcément d’elle-même dans le sens d’une radicalisation de la distinction de classes, elle peut être absorbée dans la politique comme on l’a vu en Iran en 2009 ou en Egypte entre la vague de grèves de 2006 et le mouvement de 2011.
Cette crise non seulement frappe, entre autres, les classes moyennes et les fait sortir dans la rue, mais encore le contenu même de ce moment de la crise fait momentanément des classes moyennes les représentant de ce moment souvent dans une jonction conflictuelle avec chômeurs et précaires. Jonction conflictuelle ou parallélisme comme il semble que cela ce soit passé au Brésil ou en Turquie (on peut se poser la question : la communauté de luttes est loin d’être évidente au Brésil, Turquie ou Mexique, malgré une concomitance temporelle.). Le problème central demeure celui du plancher de verre de la production. Non pas qu’il n’y ait pas de grèves, de mouvements revendicatifs ouvriers violents ou non, victorieux ou pas, mais jamais, semble-t-il, ces mouvements ne s’articulent dans une synergie avec les « mouvements sociaux » dont ils sont pourtant la toile de fond permanente et nécessaire (toute étude un peu fine de ce qui se passe ou s’est passé en Tunisie, Egypte, Libye, Brésil, Turquie, etc. le montre). Que ce soit dans les mouvements interclassistes, dans les luttes demeurant spécifiquement ouvrières (Bengladesh, Afrique du Sud, Chine…) ou les émeutes, c’est toujours le fait de lutter en tant que classe que l’on trouve comme limite de la lutte de classes, mais jamais l’appartenance de classe comme contrainte extérieure n’est portée au niveau de l’enjeu de la lutte (pour cette distinction, cf. Le Moment actuel, Sic 1, p.119).
Je disais qu’inexorablement la situation actuelle (de la spécificité de la crise actuelle à la crise de la tripartition, à la crise de la mondialisation, à la crise des Etats, à la recomposition des classes dominantes) amène à s’attaquer au cœur du problème : le rapport d’exploitation (parce que les nécessaires « restructurations » précédentes n’en sont que des formes développées). Mais ni du côté du prolétariat, ni du côté de la classe capitaliste ce sera une décision stratégique comme dans une guerre clausewitzienne on décide de la bataille décisive. Ce passage nécessaire au cœur du problème c’est après le développement de la crise comme crise du rapport salarial en crise de la société salariale, son passage en crise de la valeur (passage non fortuit).
3) De la crise de la société salariale à la crise de la monnaie et la crise de la valeur
Tout était lié : la double déconnexion, l’asystémie de la revendication et l’alimentation permanente en liquidités.
Sur ce passage de la crise du rapport salarial devenue crise de la société salariale : cf. Le Moment actuel (Sic 1, pp. 110−111−112)
« C’est une crise du rapport salarial : comme capacité de valorisation du capital ; capacité de reproduction de la classe ouvrière. C’est pour ne pas laisser les formes d’apparition au bord du chemin et pour spécifiquement désigner la crise actuelle qu’il est nécessaire d’unifier la théorie des crises. Il s’agit d’une crise où s’affirme l’identité de la suraccumulation et de la sous-consommation, crise du rapport salarial et de l’implication réciproque entre le travail et le capital, crise dans laquelle le prolétariat se trouve confronté contre et dans le mode de production capitaliste à sa propre existence et action en tant que classe comme limite à dépasser.
En dehors du concept de « crise finale du capitalisme », qui est théoriquement dénué de sens, on peut cependant s’interroger sur la nature de cette crise : avons-nous affaire à la crise finale de cette phase d’accumulation ? On peut s’avancer à répondre que non.
Il s’agit bien d’une crise structurelle de cette phase d’accumulation, crise structurelle que nous qualifions spécifiquement de crise du rapport salarial. Mais cette crise structurelle prépare une crise de la création monétaire (crise du mode de production capitaliste ayant les formes spécifiques de la phase d’accumulation caractérisée par la financiarisation de la valorisation et les modifications monétaires structurelles initiées en 1971) qui, dans la crise du rapport salarial dans laquelle elle s’inscrit, conserve et dépasse cette dernière en devenant crise de la valeur. Crise de l’activité humaine comme commensurable.
Crise de la création monétaire et crise du rapport salarial se construisent réciproquement l’une dans l’autre. Dans le mode de production capitaliste, la valeur n’est la forme sociale généralisée des produits dans l’échange que parce qu’elle est valeur en procès, parce qu’elle ne se perd jamais grâce à l’échange avec la force de travail. La crise de la création monétaire, crise de la monnaie comme forme autonomisée de la valeur, n’est pas seulement une crise de la circulation, une crise des échanges, mais une crise de l’échange de marchandises en tant que ces marchandises sont capital, c’est-à-dire sont porteuses de plus-value, de temps de travail excédentaire. Une crise de la création monétaire advenant historiquement comme crise du rapport salarial ou une crise du rapport salarial comme crise monétaire est une crise de la valeur comme capital ou du capital comme valeur, c’est-à-dire, en synthèse, une crise de la valeur en procès : la seule crise de la valeur. Cette conjonction n’était pas inscrite de toute éternité dans le concept de capital mais advient comme crise d’une phase spécifique du mode de production capitaliste. L’unité, comme crise de la valeur, de la crise de la création monétaire intégrant la crise du rapport salarial désigne alors, en tant que crise de la valeur, le capital comme contradiction en procès comme son contenu historique concret. Etre une contradiction en procès est pour le capital sa dynamique même, mais cette dynamique devient, saisie dans les caractéristiques immédiates de cette crise, la contradiction du jeu qui abolit sa règle. » (op. cit).
Je prendrai ici quelques exemples récents dans la presse :
A propos des hésitations de la Fed à sortir de sa politique de « quantitative easing » : « La sortie de crise est, par nature, un exercice semés d’embûches pour les banques centrales. En 1994, la Fed avait provoqué un krach obligataire en relevant ses taux directeurs trop vite. En 2000, après l’explosion de la bulle Internet, elle les conserva, à l’inverse, à des niveaux très faibles pendant trop longtemps. Combinés à la déréglementation financière, ces taux bas ont fourni le carburant du choc des subprimes. Le retour à la normale sera cette fois plus délicat encore à piloter. Contrairement aux crises précédentes, les banques centrales ont déployé une panoplie d’outils non conventionnels inédits pour relancer l’économie : prêts massifs aux établissements financiers, achat de titres douteux, injections de liquidités. “Elles ont pris des mesures d’une ampleur inimaginable avant la crise” a confié au Monde (15−16 septembre) Jean-Claude Trichet, l’ex-président de la BCE. “Personne ne sait comment elles pourront s’en sortir : elles commettront forcément des erreurs”, redoute Charles Wyplosz, à l’Institut de hautes études de Genève. Le premier défi sera, pour la Fed, de réduire le rythme de ses achats de dette américaine, crédits titrisés et autres billets de trésorerie (85 milliards de dollars par mois, soit 63,6 milliards d’euros). Surtout, elle devra ensuite les revendre afin de retirer les centaines de milliards de liquidités qu’elle a injectées dans le système depuis 2008. Problème : en remettant ces actifs sur le marché, elle en fera mécaniquement baisser le prix. Ce qui dépréciera d’autant le bilan des nombreux fonds et banques qui en détiennent, exposant les plus fragiles à la faillite. Avant de se lancer, la Fed devra s’assurer que les établissements financiers seront assez solides pour éponger les pertes. » (Le Monde, 17 septembre 2013).
Le Monde du 25 septembre 2013, sous le titre : « La BCE prête à voler de nouveaux au secours des banques » : « Le président de l’autorité monétaire se préoccupe en particulier du manque de liquidités dans le système, ce carburant essentiel à la croissance. L’inondation d’argent frais à laquelle a procédé la BCE en décembre 2011 et février 2012, avec l’octroi de 1000 milliards d’Euros de prêts à long terme (entre un et trois ans) et à très bon marché – les LTRO – ne fait plus effet (il n’y a jamais eu d’effets, nda). Les banques rechignent à accorder des crédits aux ménages et aux entreprises. “Les marchés pourraient réagir”, s’alarme Mario Draghi, qui se dit “prêt à utiliser tout instrument, y compris un nouveau LTRO si nécessaire”. Un nouveau déblocage de ces crédits accordés aux banques à un coût dérisoire pourrait, selon la BCE, soulager les établissements financiers encore mal en point, en particulier à Rome, Madrid, Lisbonne et Athènes. (…) Mais de l’avis de nombre d’analystes, c’est surtout le remboursement en cours des précédents LTRO qui complique la tâche des banques. Elles ne sont pas encore assez solides pour se financer sans cette perfusion. »
Nous en sommes au point où une augmentation des liquidités ne fait plus rien repartir au travers du crédit car celui-ci est bloqué. Il est bloqué non seulement parce que les banques se retrouvent avec des bilans catastrophiques du fait de milliards d’actifs qui ne valent quasiment plus rien, mais aussi du fait que la baisse des taux se transforme en « trappe à liquidités » comme cela avait été le cas au Japon durant les années 1990. La grande originalité de cette crise vis-à-vis de la longue suite de celles qui l’avaient précédée est d’avoir touché le fondement même de la configuration d’accumulation mise en place depuis la fin des années 1970. C’est pour cela, parce que le fondement même est touché, que l’abondance de liquidités que les banques centrales s’efforcent de rétablir reste investie en liquidités ou quasi liquidité : les emprunts d’Etat dits « sans risques », sans effet de soutien à l’économie réelle. La trappe à liquidité est définie par un taux d’intérêt nominal s’approchant tendanciellement de zéro : le taux d’intérêt réel peut être négatif en période de forte inflation, mais jamais le taux d’intérêt nominal ne peut l’être, ni même égal à zéro. Mais le même phénomène peut également exister comme déflation : les prix baissent, les taux d’intérêt ne peuvent suivre, c’est-à-dire descendre en dessous de zéro, donc le taux d’intérêt réel demeure élevé ou menace de l’être, c’est la trappe à liquidités. Il est actuellement impossible de déterminer si la crise de la monnaie et de la valeur sera inflation ou déflation.
Dans cette situation plus personne n’emprunte, plus personne ne prête, et tous les agents remettent leur achats à plus tard. Les politiques monétaires deviennent inefficaces, l’abondance de liquidités ne sert plus à rien. Mais les banques centrales ayant pris en réserves des montagnes d’actifs pourris (« toxiques »), c’est leur propre « crédibilité » qui est d’une fragilité extrême. C’est là la prochaine crise qui équivaudra alors à un lock-out mondial du fait que nous n’aurons plus « seulement » une crise du rapport salarial, mais une crise mondiale de la valeur elle-même. Pour ce qui est de la crise actuelle, le passage par une réduction des déficits et donc une réduction des liquidités, c’est-à-dire une déflation et une longue dépression, est inévitable. Cela signifie pour restaurer le taux de profit : dévalorisation du capital, accroissement du chômage, baisse de la part salarial, renforcement des pays à bas salaires dans la production mondiale pris dans l’étau de leur avantage comparatif (les bas salaires) et de la nécessité de développer leur marché intérieur. Dans la crise présente, la baisse du taux de profit est une crise de la réalisation (et non se manifeste comme crise de la réalisation : Mattick-senior) dont la résolution par la restauration du taux de profit ne peut admettre comme conséquence de cette restauration son effet « naturel » d’augmentation de la masse salariale sans remettre en cause toutes les caractéristiques de la restructuration initiée au début des années 1970. Nous ne reviendrons pas en arrière. C’est le rapport salarial et même l’implication réciproque entre prolétariat et capital qui est ici en jeu.
C’est parce que de bulle en bulle, c’est le rapport salarial qui est maintenant au cœur de la crise actuelle (la fin de la séquence inaugurée par la crise asiatique qui a marqué un tournant dans l’organisation de la mondialisation) que cette bulle-là a pris les dimensions que nous lui connaissons et que le mécanisme de la relance par un relâchement du crédit ne joue plus.
« Ce mécanisme au nom barbare (LTRO) consiste pour l’institut de Francfort, à accorder un crédit à bas coût aux banques afin de les aider à se financer. Mais, surtout, dans l’espoir qu’elles prêtent cet argent aux ménages et aux entreprises, soutenant ainsi la reprise. La BCE l’a déjà mis en œuvre en décembre 2011 et février 2012, à hauteur au total de 1000 milliards d’euros. Si elle y songe à nouveau, c’est parce que les effets des deux précédents LTRO, que les banques doivent désormais rembourser, s’estompent. Et cela, alors même que ces largesses n’ont pas profité à l’économie. Pis, le crédit au secteur privé dans la zone euro est en chute libre depuis avril 2012 » (Le Monde, 26 septembre 2013).
La question est de savoir quelles sont les contradictions de classes qui peuvent se nouer dans une crise de la valeur ou quelles sont les contradictions de classes qui se nouent comme crise de la valeur. Là nous entrons dans les démarches prospectives et déductives toujours délicates et risquées.
a) Rupture de l’interclassisme mais impossibilité de déduire le sens de cette rupture : mesures de communisation intégratrice ; exacerbation de l’antagonisme entre classe moyenne et classe ouvrière ; alliance nationaliste de la bourgeoisie et d’une classe ouvrière stable contre tous les segments du prolétariat assimilé à des surnuméraires et / ou des étrangers.
b) Affirmation de la centralité du travail productif et franchissement du plancher de verre mais cela peut partir dans tous les sens (cf. a). Que la contradiction entre les classes (l’exploitation) revienne sur elle-même, sur sa propre condition (Le moment actuel, pp.138 – 139) n’implique pas nécessairement son dépassement. On peut définir dans les contradictions du MPC, le chemin de la révolution mais ce n’est pas un chemin nécessaire.
c) La généralité de la situation attaquée (celle de prolétaire) n’est plus prisonnière de la particularité des acteurs en lutte, la forme particulière étant la possibilité même d’existence du contenu général (TC 24, p.40). Mais c’est la forme générale (la crise de la valeur) qui est la possibilité de toutes les formes particulières de luttes.
En résumé « l’unité de rupture » comme conjoncture est une autocréation de la lutte des classes.
Annexes
Pour que ce soit bien, il faudrait que les deux annexes qui suivent (Emeutes Egypte et Notes sur la Turquie) soient intégrées dans la partie 2 du texte.
A)
Emeutes Egypte, début 2013
Quelle est la situation ?
Une situation de rupture de l’interclassisme (qui était recomposition de la lutte des classes dans l’instance politique) sans qu’aucune des classes en présence ne parvienne à focaliser les conflits sur une instance du mode de production :
- une lame de fond des grèves et revendications ouvrières depuis l’élection de Morsi (juin 2012) c’est absolument la base de ce qui se passe.
- la recomposition de la classe dominante entamée (amorcée) qui disjoint les classes moyennes de la revendication ouvrière
- un mouvement ouvrier revendicatif qui cherche un interlocuteur en même temps que son action déni à l’Etat actuel cette qualité d’interlocuteur (c’est dans ce jeu qu’il faut comprendre l’auto-organisation).
- Une « jeunesse éduquée » ravagée par le chômage (en Egypte, le taux de chômage est proportionnel au niveau de diplôme) prise au piège de la généralité qu’elle pourrait représenter et qu’elle s’imagine représenter (la poursuite-achèvement de la révolution, le véritable Etat indépendant) ramenée au niveau de ses intérêts particuliers comme modes de vie et morale (Port Saïd est un bastion ouvrier et salafiste).
- La place des femmes qui avait scellé le consensus politique social et économique sur les valeurs de dignité, d’honnêteté et de nation est redevenu un enjeu violemment réaffirmé du côté de l’Etat. Le problème est de savoir si cet affrontement demeure une question particulière de « mœurs » où si elle est susceptible de focaliser de nombreuses contradictions (faire sauter le consensus politique et la « reconnaissance ouvrière »)
- Dire qu’en Egypte, l’armée n’a jamais quitté le pouvoir, c’est facile, c’est le genre de formule qui n’est jamais fausse, jamais vraie et qui n’explique rien. L’armée s’est opposée au libéralisme du fils Moubarak et à ses réformes, et à la politique, elle aussi, très libérale des Frères. C’est le bordel, ce qu’il fait avant tout à l’armée c’est rétablir l’ordre que les Frères étaient devenus incapable d’assurer (elle a l’avantage d’entrer en résonnance avec certains « révolutionnaires » de 2011 et les centre ouvriers publics du Delta (ça peut difficilement durer). Les « révolutionnaires de 2011 » (y compris les footballeurs) se sont enfermés (laissés enfermés ?) dans l’instance culturelle qui n’a jamais focalisé la situation : malgré la question des femmes au centre de la construction de la société civile. L’avant-garde des classes moyennes qui pourrait porter quelque chose se trouve enfermée dans l’instance culturelle (modes de vie) qui pour l’instant ne focalise rien (cela n’avait pas été le cas en 2009 en Iran après l’élection présidentielle truquée). Le problème demeure celui de la société civile et la religion sera toujours la momentanée et fragile solution. De toute façon, l’armée demeure un propriétaire collectif et national qui devra éclater.
Aussi bien du côté de la classe bourgeoise cherchant sa recomposition que du côté de la classe ouvrière : une situation en attente de son inscription nationale dans le cours mondial de la valorisation et produisant ce dont elle est en attente.
Mais cette dynamique n’a pas les moyens internes de s’imposer, d’aboutir Aussi bien de par la taille, l’Egypte n’est pas la Chine ou le Brésil, que de par l’histoire antérieure de sa place dans le système , l’Egypte n’est pas intérieurement coincée dans la contradiction des capitalismes émergents entre d’une part leur rôle fonctionnel — exportation, main-d’œuvre - dans le système qui s’effondre et, d’autre part, leur propre développement acquis qu’il ne peuvent encore faire valoir pour lui-même. Ce n’est que l’hypothétique restructuration issue de la crise actuelle (appelée par ce type de situation, comme au football on appelle le ballon) qui pourrait assigner sa place aux rapports entre bourgeois et prolétaires en Egypte. D’ici là, c’est-à-dire la situation actuelle : une situation bloquée, en attente (le « en attente » n’est pas une téléologie, une définition par rapport au but, mais par rapport au mouvement réellement amorcé). L’ancien ne peut plus être et le nouveau en gestation ne peut aboutir de lui-même (de façon endogène).
La limite alors de l’activité ouvrière c’est l’auto-organisation qui s’entretient elle-même comme revendication déniant à l’Etat sa qualité d’interlocuteur, comme base sans perspective de la confrontation avec l’Etat. L’auto-organisation est, dans l’activité ouvrière, l’expression de cette situation bloquée. Mais cette auto-organisation est alors une possibilité d’écarts.
L’interclassisme est remis en selle de façon contradictoire. La politisation (agenda et tempo politique : thème de la « révolution inachevée » et de « l’appropriation de l’Etat par les Frères ») de la revendication ouvrière n’est pas en soi interclassiste, mais elle n’a comme perspective que de tendre à le devenir face à une recomposition inaboutie de la classe dominante (le religieux était la marque de la difficulté et de la fragilité de cette recomposition passant par la création d’une relation Etat / société civile) parce qu’elle dénie pour cela (la recomposition inaboutie) à l’Etat actuel son rôle d’interlocuteur. En devenant révolte civile, l’auto-organisation est alors la résultante de ce jeu de forces.
Le maillon le plus faible de la phase antérieure du mode de production capitaliste se trouve à manifester le premier la crise de cette phase.
Ne pas considérer la situation actuelle, tant la classe dominante et sa recomposition inachevable que le prolétariat et son auto-organisation seulement comme moment en attente de la reconnaissance de la classe ouvrière comme un acteur de la société civile, ne pas la considérer seulement comme une sorte de blocage, mais considérer, précisément pour ces raisons là, la situation actuelle comme apparition d’écarts dans la lutte de classe : les impasses de l’auto-organisation, qui s’appelle elle-même désobéissance civile, dans sa confrontation nécessaire avec l’Etat : être reconnue (société civile) / dénier la qualité de « reconnaisseur » à l’Etat auquel on s’adresse parce qu’il n’est objectivement pas à même d’être ce « reconnaisseur ». La lutte en tant que classe se renvoie à elle-même sa propre existence comme limite d’elle-même.
Dans la lutte des classes actuelle, quatre instances se disputent la dominante : l’économique, le social, le politique, l’idéologie.
Encore que, le politique semble toujours tenir la corde sur la base d’un interclassisme contradictoire et fragile (le fond actuel de tout ce qu’il se passe c’est la lutte ouvrière). Cependant, personne, y compris les BB ne dépasse la perspective de lutte démocratique dont l’anarchisme n’est ici qu’une forme idéale : « Et nous avons annoncé notre révolution à partir d’aujourd’hui à la Place Tahrir jusqu’à ce que l’Egypte et son peuple obtiennent leurs droits ! Vie digne, Liberté et Justice sociale ! » (Déclaration du Black Blocairo). L’Etat reste le seul horizon des luttes mais plus comme il y a deux ans : la rupture de l’interclassisme est depuis quelque temps dans les tuyaux.
Ajouts
1 )
Après Bahreïn et le Yémen, la Libye présente un troisième cas de mise sous tutelle et de contrôle des révoltes arabes. Dans le cas de Bahreïn, l’intervention saoudienne était un processus de transformation des contradictions sociales en contradictions à la fois régionales et confessionnelles entre l’Iran et le Conseil de coopération du Golfe. Mais comme au Yémen avec l’intervention des tribus, il serait faux de ne voir là qu’un détournement ou un masque quand il s’agit d’une reformulation. Il faut toujours considérer que dans les crises qui traversent tous les Etats de la région ce qui est en jeu dans les contradictions sociales, y compris dans les grèves et revendications ouvrières, c’est la légitimité de l’Etat. Partout les soulèvements et revendications économiques sont indissociablement politiques et comprennent elles-mêmes leur insatisfaction et / ou leur échec comme la marque de leur marginalisation vis-à-vis d’un Etat étranger à sa propre société. Durant les années 2011 et 2012, c’est-à-dire pendant les deux premières années de ces révolutions, divers processus électoraux, une articulation de l’Etat et de la société civile au travers des formations politiques religieuses et de leur capacité idéologique d’organisation sociale, l’amorce d’une recomposition de la classe dominante, avaient réussi une fragile synthèse des aspirations des diverses classes mobilisées contre les anciens régimes politiques. Synthèse intrinsèquement fragile, mais en outre momentanée, dans la mesure où cette réorganisation des rapports entre l’Etat, la société civile et la classe dominante dans sa recomposition, apparaît dans ces formations sociales capitalistes périphériques comme ne pouvant trouver, dans ces formations sociales mêmes, la dynamique et le principe de son propre achèvement qui est suspendu à une hypothétique restructuration du cycle mondial de la valorisation capitaliste dont ces formations sociales ne sont pas maitresses. Malgré toutes les contradictions apparues depuis, la répression libyenne menaçait cette dynamique potentiellement positive à terme dans le procès mondial de valorisation du capital.
C’est cet impossible aboutissement endogène des révolutions arabes, aussi bien du côté de la recomposition de la classe dominante que du prolétariat (lui-même embarqué dans cette recomposition), qui se module selon toute une palette dont les nuances vont de l’élimination de l’ancien régime entrainant la rupture de l’interclassisme comme en Egypte et en Tunisie au début de l’année 2013, jusqu’à la répression (avec l’aval américain et européen) de tout changement comme à Bahreïn, en passant par l’autotransformation de la classe dominante comme au Yémen, ou le contrôle militaire direct par les grandes puissances occidentales de l’effondrement et de la reconstruction d’un Etat failli comme en Libye. C’est dans tous les cas l’impossibilité, pour les révolutions arabes, de résoudre de façon endogène les contradictions qui leur ont donné naissance qui se manifeste.
L’intervention militaire occidentale en Libye met sous contrôle, sous tutelle, la révolution mais ne s’y superpose pas de façon extérieure. Elle rend seulement manifeste, dans la situation libyenne, une situation générale des révolutions arabes, incapables d’atteindre leur propre but en dehors d’une restructuration générale de la mondialisation capitaliste (en fait de la restructuration des modalités de l’exploitation du prolétariat par le capital au niveau mondial). Cette impossibilité se retourne contre elles : soit dans la rupture de l’interclassisme par lequel elles se comprenaient elles-mêmes et qui était leur dynamique et la constitution / justification de leur but politique (Tunisie, Egypte) ; soit sous la forme d’une répression immédiate (Bahreïn), soit dans l’autotransformation de la classe dominante au plus près de la révolution (Yémen), soit par leur mise sous tutelle (Libye). Quand il s’agit d’un pays aux ressources pétrolières et gazières aussi importantes que la Libye, cette dernière modalité du retournement est la moins aléatoire pour les Etats centraux du capitalisme mondial.
2)
La crise mondiale s’est déclinée à partir de 2011 de façon spécifique au Maghreb et au Machrek comme crise de l’articulation rentière au cycle mondial de la valorisation du capital : indissociablement crise économique et crise politique. L’Etat étant à la fois l’organe central de la transformation en génératrices de rentes des activités s’articulant mondialement et une officine soumise à des intérêts particuliers qui le dominent. La crise de ce type de valorisation et d’articulation mondiale a posé la question de la légitimité de l’Etat en tant que transformation des intérêts particuliers de la classe dominante en intérêt universel : la question de l’Etat et de la création d’une société civile. C’est par là que les luttes de classes sont devenues intérieurement (selon les intérêts et objectifs de chaque classe) interclassistes. Mais, dans chaque pays de la région, cette déclinaison de la crise mondiale a pris elle-même un tour particulier.
3)
La force d’une contre-révolution ne se mesure pas à la capacité à supprimer tous les conflits ni même seulement à les faire taire, mais à la capacité à fournir une réponse à la révolte qui enlève aux classes qui continuent la lutte toute perspective de faire valoir leurs intérêts particuliers comme intérêt social universel.
Sous le même terme de « contre-révolution », nous sommes amenés à désigner deux choses différentes : premièrement, un mouvement qui est le retournement contre le soulèvement de ses propres limites et qui est le produit de ce soulèvement, qui s’enracine en lui, représenté, par exemple, en Egypte par les Frères musulmans ; deuxièmement un processus visant à un pur et simple retour ou maintien du statu quo ante sous des formes parfois légèrement remaniées et qui s’oppose donc non seulement au soulèvement lui-même, mais encore aux transformations sociales et politiques que contre lui-même il a produit. Même si l’islamisme politique en Tunisie et en Egypte est vis-à-vis des manifestations, émeutes, grèves, revendications des soulèvements depuis 2011 la forme de leur contre-révolution, les monarchies du Golfe n’en veulent pas, car ce projet de recomposition heurte de front leurs intérêts économiques et politiques. Cela n’empêche que l’Egypte ne peut se passer de l’argent saoudien, ni l’Arabie saoudite se couper de la première puissance arabe de la région. Cela n’empêche pas également l’émir du Qatar, méfiant vis-à-vis de son voisin saoudien, de soutenir les Frères.
Malgré le langage religieux qui préside à la recomposition des classes dominantes dans la région Moyen-Orient / Afrique du nord, les monarchies du Golfe et les royautés marocaine et jordanienne sont au centre de l’opposition et du combat contre l’extension de ces révoltes. De par leur mode d’ancrage international, leur composition sociale, leur mode d’enrichissement, ces monarchies se trouvent être la prochaine cible et sont au cœur de la « contre-révolution ». La connexion d’intérêts de groupes sociaux divers qui assurait leur base sociale et leur légitimité est menacée d’éclatements : milieux d’affaires servant d’intermédiaires internationaux aussi bien pour les zones franches de Jordanie que pour les investisseurs occidentaux ou japonais en Arabie saoudite, commerçants monopolisant les biens d’importation, paysans, chefs de tribus, oulémas. Une démocratisation de ces régimes nuirait non seulement directement aux familles royales mais aussi à leurs clientèles roturières. Le mouvement de la « contre-révolution » dont les monarchies se trouvent être le centre, bien que s’initiant dans la constitution interne de leur pouvoir et de leur base sociale, consiste à transformer des contradictions sociales en espace de confrontation internationale (Syrie).
B)
SUR LA TURQUIE
Qu’est-ce qui pousse les gens dans la rue? Il s’agit bien des gens non seulement dans le sens de l’interclassisme comme addition, mais les gens comme ensemble commun. C’est le “capitalisme agressif”, comme il est dit dans un des récits. Ce “capitalisme agressif” c’est la configuration de l’Etat comme objet, propriété, d’une élite corporatiste coupée de sa société. En fait partout où ce type de mouvement existe actuellement, ce qui se joue c’est la déconnexion ancienne que nous avions repérée il y a longtemps (TC 11) entre la mondialisation de la valorisation du capital et la reproduction de la force de travail. Ce que l’on voit dans la période actuelle c’est que cela induit forcément sous toutes sortes de formes et de raisons une crise de la légitimité de l’Etat. Il apparaît que cette déconnexion frappe le rapport de la population (c’est-à-dire les gens tels qu’ils sont membre de la société civile) à son Etat. Ce sentiment d’abandon quelle que soit l’idéologie dans laquelle il s’exprime, aussi bien en réponse à celle revendiquée par l’Etat (de plus en plus culturelle) que directement par la population, fédère tous les antagonismes qui avaient pour point commun de s’adresser à l’Etat et de reconnaître en lui leur possible solution. Un Etat devenu maintenant absent et pire étranger. C’est un phénomène mondial. La mondialisation du MPC semble actuellement susciter dans sa crise l’interclassisme de façon nécessaire pour cette raison d’extranéité de l’Etat à sa société.
La question : à nouveau restructuration ou non ? On ne peut répondre tant que le combat n’a pas eu lieu. Il faut également se méfier : la Turquie n’est pas un pays en crise de la même façon que l’Europe occidentale, même si le même phénomène de déconnexion entre l’Etat et sa société existe (il faudrait prendre ainsi les nationalismes et autre dits populismes). L’une est dans le mouvement ascendant d’une possible recomposition mondiale, l’autre non (ce qui ne signifie pas que l’une va dépasser l’autre).
Le caractère étranger de l’Etat ne renvoie pas à une théorie de l’Etat compradore, mais au fait qu’il représente une fraction de la bourgeoisie bel et bien nationale, mais telle que cette fraction s’insère dans le cycle mondial et qui n’a pas vocation à recomposer la reproduction du capital et de ses rapports de reproduction au niveau national (ce que les géographes appellent la constitution d’un territoire mosaïque). Pour la Turquie, l’AKP (le pouvoir actuel en Turquie) ce sont les réseaux de production au départ familiaux puis de moyennes entreprises (devenues grosses pour certaines, mais même celles-ci sont immergées dans ces réseaux) très flexibles sur une main-d’œuvre au départ rurale qui trouvait son compte dans cette articulation moderne de la tradition, centrée sur la zone anatolienne de la Turquie. Pour articuler cette production au cycle mondial, il a fallu totalement bouleverser l’économie turque tenue par l’Etat, c’est-à-dire l’armée, dont le centre était Istanbul et la côte égéenne (la côte de la Mer Noire est depuis longtemps en perdition). Economie centrée sur de vastes conglomérats orientés vers le marché intérieur et n’ayant aucune chance avec l’ouverture des frontières.
[1] Il est normal que, comme « prix du travail », le salaire en appelle à l’injustice de la distribution car en tant que tel il n’est plus la seule source de valeur mais un revenu attaché à un facteur de la production au côté du capital et de la terre qui eux aussi sont alors attaché à un revenu.
2 Commentaires
« il n’est jamais question de la contradiction entre femmes et hommes. Il est de ce point de vue là totalement à recomposer (je ne dis pas à réécrire). […] Il y a un problème … ou alors c’est mon problème.»
C’est le problème de tout un chacun. Dans la construction théorique de TC, il y a cette dissymétrie, du fait que le genre manque de chair… de “luttes théoriciennes”. C’est pas faute de chercher.
Regardez sur dndf, les infos, on n’y touche pas, ou peu. Il va falloir plonger, sur toute la palette, de la prostitution capitalisée au femmes battues, en passant par le travail des femmes et le mariage heureux.
Rien que d’en parler, c’est plus difficile que les luttes prolétariennes.
Mais au fond, c’est la même chose dans tous les domaines, la réalité fait peur
quelques infos en provenance d’espagne
avec cette “manie” , ouverte par les italiens à la fiat, de faire voter l’aggravation de la condition d’exploité, une restructuration dans la restructuration et des défaites successives et les travailleurs non couverts par des conventions collectives diminue
le rapport d’exploitation devient un face à face avec le patron
MADRID, 20 (EUROPA PRESS)
Le secrétaire de l’action syndicale UGT, Toni Ferrer, a déclaré mercredi qu’en Octobre de cette année ont été posté à moins de 900 conventions collectives dans le même mois de 2011, 39,3% de moins, afin que les travailleurs couverts a diminué de deux millions, dont 1,3 millions sont pour la période de validité de la réforme du travail.
bon, c’est comme d’hab, une traduc auto, mais c’est compréhensible, enfin il me semble
pour les non connaisseurs, la cgt en espagne, est anar, c’est une scission de la cnt
les phrases en gras sont de mon fait
christian
http://www.elmundo.es/television/2013/11/28/5296835561fd3d64738b4575.html
Le deuxième temps de la chance: RTVE voter «oui» à la protection de modèle d’accord
La participation a chuté de 15 % et 38% des travailleurs se sont abstenus
Sur les 3935 suffrages exprimés pour 2871 ont été «oui» , ce qui représente 72,96 %
RAÚL PIÑAMadrid Mise à jour: 28/11/2013 12:58
Encore une fois , ils sont revenus dans les sondages de RTVE . La société a couru deux fois sur la même pierre pour les bis voulaient la chanson à une saine gestion . Le modèle pour la deuxième fois voté pour accord préliminaire II convention collective conclue entre l’entreprise et les syndicats SI , UGT et USO représentant 70% des travailleurs . Il a quitté le «oui» avec 72,9 % des suffrages exprimés . Dans le premier vote est venu le «non» par 29 voix . L’accord prévoit la protection de modèle pour deux ans et une réduction de la facture de 28,5 millions de salaire , mais sans réduire le salaire de base .
La tension , les nerfs et la confrontation des dernières semaines scores dans la coexistence RTVE . La lutte entre les syndicats a divisé le modèle . SI , UGT et USO demandé l’autre . CCOO et CGT parier sur l’abstention et le vote blanc . Officiellement a gagné oui , mais tout le monde peut dire qu’ils ont gagné .
Au total , 3935 personnes ont voté sur un recensement 6393 au total . Je veux dire, il ya eu 2 458 abstentions , par rapport à 1478 dans le premier tour de scrutin . Il a grandi abstention , qui a grimpé à 38,4 % . Ce qui peut être considéré comme un triomphe de la CCOO et CGT . «Nous croyons qu’un pré– accord moins nocif serait possible . N’a pas été donné une chance . Pour le bien de tous , l’atmosphère que nous avons vécu ces derniers mois devrait améliorer de façon significative », a expliqué de CCOO .
” Entre la peur ou la mort , les travailleurs ont choisi la mort ” , condamné de la CGT . ” Le taux de participation était de 15% inférieur à celui avant et il ya eu plus de 17 % des votes valides. Comprendre que la fois le vote abstention nulle comme le sont les formes de protestation des travailleurs forcés dans un simulacre d’élection et fatigué de manoeuvre de qui devrait représenter fidèlement leurs intérêts ” . Les votes nuls et blancs sont passés de 256 au premier tour à 862 , soit 22% du total des suffrages exprimés.